Lorsque Amélie Bouvier est tombée pour la première fois sur des notations dessinées à la main sur des plaques photographiques astronomiques du début du vingtième siècle, elle a eu l’impression qu’elles ressemblaient à des partitions de musique.
Quadrivium est la première incursion de l’artiste dans la production de sons à partir d’images d’étoiles. Le titre s’inspire du dernier volume de l’ouvrage Harmonice mundi (Harmonies du monde) publié par Johannes Kepler en 1619, dans lequel Kepler tente de saisir la musique divine des sphères en utilisant les principes du quadrivium de Boèce, c’est-à-dire l’étude combinée de la géométrie, des mathématiques, de la musique et de l’astronomie. Il y suggère un modèle du système solaire fondé sur des proportions géométriques et musicales harmonieuses.
Des siècles plus tôt, Pythagore avait avancé que si les objets en mouvement produisent des sons, les corps planétaires doivent eux aussi se répercuter dans l’univers. Lorsque Kepler a découvert que les planètes se déplacent selon des trajectoires elliptiques et à des vitesses différentes, ce qui avait été conçu comme un accord céleste unique est devenu une chanson. À l’aide d’une image télescopique recueillie à l’Observatoire astronomique Antoine Thomas de Namur, Amélie Bouvier traduit les constellations en nœuds sur le cylindre d’une boîte à musique mécanique en acier qui, en tournant, émet des notes célestes parfois disjointes ou saccadées. Une deuxième boîte à musique, presque identique, utilise la même parcelle de ciel, mais cette fois-ci avec un satellite qui trace un chemin à sa surface.
Dans Quadrivium, un seul petit objet modifie la résonance de notre univers tout entier. Les notes des boîtes à musique de Bouvier persistent comme une image sonore d’un cosmos en constante évolution.
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La pratique artistique d’Amélie Bouvier s’appuie sur des recherches historiques dans le domaine de l’astronomie pour interroger les questions liées à la mémoire culturelle et au patrimoine collectif. Les astronomes en particulier, et les scientifiques en général, ne se contentent pas d’expliquer le monde. Pour Amélie Bouvier, l’imagerie scientifique est un prolongement de la connaissance qui révèle des cadres idéologiques et éthiques, lesquels risquent d’occulter des aspects de la réalité qu’ils visent à représenter. Elle s’intéresse particulièrement au ciel et aux étoiles en tant que paysage qui expose les contradictions sociopolitiques actuelles et les lacunes en matière de connaissances. Bien que son travail soit basé sur des faits, des données et des images historiques, elle les mélange constamment avec des images spéculatives, adaptant des outils et des techniques pour présenter des potentialités alternatives.
Courtesy Amélie Bouvier et Harlan Levey Projects