Il faut environ huit minutes à la lumière du soleil pour atteindre notre rétine. Le diptyque vidéo Eight Minutes Ago d’Amélie Bouvier aborde cette distance entre nous et les étoiles.
Sur un écran, des enregistrements sonores de la NASA d’aprés les planètes de notre système solaire ainsi que des effets sonores de verre accompagnent des images tirées ou inspirées de la collection de plaques de verre photographiques de l’archive astronomique de Harvard. Des images de poussière qui se dépose dans l’air, des ombres sombres qui se dessinent sur le verre usé par le temps ou un archiviste qui nettoie des annotations faites à la main sur les plaques de verre, traduisent la fragilité de notre héritage personnel et collectif. Dans un texte défilant sur l’autre écran, le père de Bouvier, âgé de quatre-vingt-treize ans, partage ses souvenirs de jeunesse et de vieillissement, réfractés par des ruminations sur la nuit.
L’ensemble de l’œuvre exprime le décalage et la fragilité de l’expérience humaine. Comme le dit une inscription sur la pierre tombale de Johannes Kepler, “ Je mesurais les cieux. Je mesure maintenant les ombres de la Terre. L’esprit était céleste. Ici gît l’ombre du corps”.
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La pratique artistique d’Amélie Bouvier s’appuie sur des recherches historiques dans le domaine de l’astronomie pour interroger les questions liées à la mémoire culturelle et au patrimoine collectif. Les astronomes en particulier, et les scientifiques en général, ne se contentent pas d’expliquer le monde. Pour Amélie Bouvier, l’imagerie scientifique est un prolongement de la connaissance qui révèle des cadres idéologiques et éthiques, lesquels risquent d’occulter des aspects de la réalité qu’ils visent à représenter. Elle s’intéresse particulièrement au ciel et aux étoiles en tant que paysage qui expose les contradictions sociopolitiques actuelles et les lacunes en matière de connaissances. Bien que son travail soit basé sur des faits, des données et des images historiques, elle les mélange constamment avec des images spéculatives, adaptant des outils et des techniques pour présenter des potentialités alternatives.
Courtesy Amélie Bouvier et Harlan Levey Projects
Image: Installation view at Aomori Contemporary Art Center (ACAC), Aomori, Japan