Posé au sol, un très grand écran diffuse l’image d’une pierre tombale dont les inscriptions ne cessent de se réécrire, comme si elle était restée vivante. Son prénom, ses dates et son épitaphe s’effacent et se réécrivent constamment, souvent très vite.
Alors que les morts sont ceux qui, par définition, ne répondent plus jamais, Grave instaure la fiction d’une mort zombie, dont la technologie aurait perverti jusqu’au principe même et qui continuerait à bugger ad vitam æternam, s’interrogeant sans cesse sur son existence et la meilleure manière de la résumer. Le projet évoque ironiquement l’idéologie transhumaniste d’une réécriture illimitée de la vie, où tout serait toujours possible, y compris après la mort. C’est aussi une vision de l’enfer, là où traditionnellement les âmes continuent d’errer et d’agir, sans jamais en finir ni trouver la paix.
Le nom qui figure sur la pierre tombale est alternativement John ou Jane Doe, terme utilisé dans les pays anglophones pour les personnes inhumées inconnues. Ici, la date du décès varie constamment, mais la date de naissance est toujours 2020, évoquant une personne qui serait en quelque sorte déjà promise à un “devenir-programme”, au sens deleuzien du terme.
Thierry Fournier – Grave from Thierry Fournier on Vimeo.
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La pratique de Thierry Fournier travaille aux frontières du vivant pour aborder des questions d’altérité, au sens large : installations, objets, pièces en réseau, sites web, vidéos, prints, performances. Il est également commissaire d’exposition indépendant, éditeur et enseignant. Architecte de formation (diplômé de l’École nationale supérieure d’Architecture de Lyon), il est né à Lyon en 1960. Il vit et travaille à Aubervilliers.
Production : Thierry Fournier, avec le soutien de CHRONIQUES, Biennale des Imaginaires Numériques.