Delusion permet d’assister à la reconstitution d’un phénomène naturel : une tornade, mais à échelle réduite, comme désamorcée. Le choix des composantes matérielles – et leur assemblage – a pour seule finalité l’élaboration d’une sculpture mobile et immatérielle, dont la forme ne cesse de se faire et de se défaire sous nos yeux, produisant le même mouvement en d’infinies variations.
La volonté est ici de capturer l’aérien, de posséder l’insaisissable, en re-créant et en modélisant un phénomène évanescent, vécu comme anxiogène, qui dépasse les frontières et transcende les systèmes érigés par l’homme : territoires, nations, cultures, etc. Il s’agit de rendre tangible une manifestation météorologique dont la nature et l’échelle échappent habituellement à notre contrôle.
La dimension expérimentale de la sculpture, dont les éléments et rouages techniques sont apparents, renvoie aux recherches de géo-ingénierie menées parallèlement par les Soviétiques et les Américains durant la guerre froide. Enjeu de pouvoir : chacun tentait alors de transformer le climat ou de provoquer des cataclysmes dans un but stratégique. Ce type de recherches se poursuit aujourd’hui, mais cette fois dans l’espoir de vaincre le réchauffement climatique.
Ainsi, tout en étant domestiquée dans Delusion, la catastrophe naturelle est aussi, par le choix des matériaux et la forme que prend l’oeuvre, magnifiée dans sa représentation. Forme hybride entre le dispositif de laboratoire et la stèle, Delusion cristallise la part funeste et chimérique du rêve prométhéen de maîtriser et s’approprier les éléments.
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Né en 1988 à Lyon, Hugo Deverchère est diplômé de l’ENSAD de Paris et du Fresnoy – Studio National des Arts Contemporains. Son travail propose un ensemble d’expériences qui sont autant de pistes pour interroger et évaluer notre rapport au monde. Que ce soit à partir de récits, de données collectées, d’images captées, fabriquées ou simplement trouvées, ses recherches ont recours à des procédés de modélisation, de transposition ou de conversion qui agissent comme un prisme entre le réel et ses représentations.
Hugo Deverchère
Cosmorama, 2017
Production Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains avec le soutien de Neuflize OBC